Copie d'une nature morte de Fantin-Latour

J'aime les vies calmes comme disent les Anglo-saxons. Still life est bien mieux approprié que nature morte.

Voir aussi dans L'élégance du hérisson les délicieuses pages consacrées aux natures mortes de Chardin, un de mes peintres préférés.

Celle-ci de Fantin-Latour me paraît très sophistiquée avec sa vaisselle précieuse et sa composition léchée. J'ai eu beaucoup de plaisir à peindre l'assiette et le sucrier. Un travail de minutie auquel je me discipline rarement.

Une boutique comme on en fait plus. Dans la vieille ville de Lausanne rassemblée autour de sa cathédrale, dans les rues étroites, "Cité-Derrière" elle s'appelle, par opposition à "Cité-Devant", sa parallèle plus à l'ouest, une échoppe avec une devanture basse en boiseries. Dedans, un fouillis étudié de reliures, de cadres, de statuettes, de miniatures. J'ai l'impression de rentrer dans un cabinet de curiosités. Tout est de grande qualité et bien choisi.

C'est qu'on est chez un amateur, dans tout le sens noble qu'avait ce terme au XVIIIème siècle. Marc et sa femme vous accueillent comme si vous étiez un vieux client. Il parle de sa marchandise avec autant d'amour que d'érudition.

On arrive là comme on arrivait jadis, j'imagine, dans un relais de poste perdu dans la campagne pour y reposer ses chevaux fourbus.

Partis d'un rural des plus simples et d'une tour, Marie-Pierre et Michel Troisgros ont créé, aux confins du Brionnais, un lieu qui leur ressemble, accueillant, ouvert et sincère. Des matériaux bruts, des plantes vernaculaires, des choix audacieux et écologiques, la transformation est spectaculaire et le résultat très réussi.

L'assiette est bien sûr de la même eau. On est loin des tables alambiquées où, sous prétexte de "fusion" (prononcez fiou-jeun sous peine de passer pour un plouc), on vous sert dix trucs compliqués qui n'ont rien à voir entre eux, ou encore de ces bidules déstructurés puis re-bidulés.

On est ici dans cette nouvelle veine de cuisine que j'aime, celle qui vous parle du lieu où vous êtes, de ses traditions, de son goût originel. Le terroir dépoussiéré et décomplexé. Ici, on mange des œufs, des grenouilles et du bœuf. Ca a le goût de ce que c'est, sans fard, ce qui n'empêche pas l'invention. C'est bon, c'est simple, c'est goûteux, c'est franc et de grande qualité. La vraie hospitalité, celle qui vient du cœur.

Quelle chance ! C'est à une demi-heure de Vaulx et le menu est à 34 euros !

Je tombe sur La création du monde de Saint Augustin, pour deux euros, à la poste !

C'est que Folio a eu l'excellente idée d'éditer de petits livres de poche à deux euros. Ces livres sont vendus dans les guichets de poste en Suisse. Pendant qu'on attend son tour, on jette un œil vague sur des rayons chargés de bonbons, de bricoles, etc. Malins à la poste en Suisse.