Maintenant, il me faut tenir jusqu’à ce soir pour diminuer l’effet du décalage horaire. Je n’ai pas vraiment sommeil mais je me sens « comme un brocoli trop cuit » pour user de l’expression de mon ami Karl.

Heureusement, Sydney ne manque pas d’attraits. Après une douche revigorante, j’enfile un bermuda et une chemisette (j’en rêvais depuis des semaines) et nous partons dans la ville.

Choc esthétique au musée d’art contemporain. Fait rare nous dit-on, Annie Leibowitz expose ses photographies. L’exposition met en parallèle ses portraits de célébrités, notamment pour Vanity Fair, et ses photos familiales, y compris celles de la fin de vie de sa compagne.

L’aller-retour entre ces deux mondes prend une forte résonance de franchise. Je ne sais pas pourquoi c’est ce mot qui me vient. En tout cas, l’humanité de ces photos me submergent d’émotion.

Sans doute mon état de fatigue y est-il un peu pour quelque chose mais les immenses qualités de ces photos sont impressionnantes au sens propre.

J’ouvre fébrilement le colis reçu hier. Des nougats, du gingembre confit, de la viande de porc séchée et… des saucisses de chien. Mes petites madeleines à moi.

Un mot sur les saucisses de chien, juste pour rassurer. Elles ne sont pas faites avec du chien mais avec du porc. Je ne sais pas pourquoi on les a nommées ainsi. Papa me disait que c’était pour dissuader le colon de les goûter, tant les Vietnamiens aiment ces petites saucisses sucrées. Il les mangent même dans de la baguette, comme une sorte de hot-dog.

Tiens, revoilà notre chien…

Tels des bûcherons canadiens, nous nous attaquons à abattre un arbre qui a mal poussé et penche dangereusement vers un mur et au dessus de la route.

Il fait très beau mais très froid. Le givre étincelle partout et nos mots partent en buée légère.

L’Etat de Vaud a attribué hier le mérite vaudois à quatre personnalités : Madeleine Chamot-Berthod, médaillée d’or en descente aux jeux olympiques ; Madeleine Pont, initiatrice et directrice générale du Groupe romand d’accueil et d’action psychiatrique ; René Gonzalez, directeur du Théâtre Vidy-Lausanne ; Claude Nicollier, astrophysicien et astronaute.

Je suis parfaitement choqué de ne trouver cette information qu’en nième page intérieure des deux quotidiens régionaux. A quoi servent-ils ?

Concert au Palais de Beaulieu à Lausanne. Le concert est précédé d’une conférence donnée par le vénérable Monsieur Henry-Louis de Lagrange, éminent spécialiste de Mahler. Toute une carrière consacrée à explorer l’œuvre et à la vie du compositeur. Monsieur de Lagrange, en dépit de son grand âge, reste un passionné qui sait communiquer sa passion. Il use de ce beau français un peu suranné en lisant son discours à la manière des hommes politiques sous la IVème république. Cette scansion si particulière épouse son texte érudit qui nous offre quelques clés pour cette œuvre magistrale.

Le concert était très bon. Enorme formation pour cette colossale symphonie pleine de nouveautés iconoclastes. C’est qu’on oublie vite que Mahler a été un compositeur de musique contemporaine. Truisme qu’il est, pour une fois, bon de rappeler.